Un « partage inéquitable » des revenus pour les artistes selon l’ADAMI (gestionnaire des droits des artistes-interprètes français). Sur une pleine page dans Le Monde, l’ADAMI tire à boulet rouge sur les services de streaming et l’offre légale, pas assez rémunérateurs pour les artistes.
Il n’y a pas que Taylor Swift qui est en indélicatesse avec Spotify et les services de streaming musical. La jeune chanteuse considère que « Le piratage, le partage de fichiers et le streaming ont drastiquement réduit le nombre d’albums achetés… De mon point de vue, la musique ne devrait pas être gratuite ».
Lorsque les majors et artistes ne dénoncent pas le piratage, ces derniers dénoncent les bénéfices tirés par ces plateformes auxquels ils n’ont que très peu accès.
Fin 2013 déjà, Spotify avait lancé Spotifyartists.com pour expliquer la redistribution des recettes perçus. On y apprenait que la plateforme reversait 70% de ses recettes aux ayants droits (label, maison de disques) et qu’en moyenne, par écoute, elle reversait entre 0.006 et 0.0084$ aux artistes.
Trop peu pour l’ADAMI qui, via une infographie, témoigne du « partage inéquitable » des revenus issus du streaming musical. Sur les 9€99 d’abonnement mensuel payé par un internaute sur Deezer ou Spotify par exemple, les artistes ne touchent que 0,46€ contre 6,54€ pour les « intermédiaires » (producteurs et plateforme). Une rémunération fortement dépendante de la popularité de l’artiste. Les artistes les plus connus s’accaparant la grande majorité de cette rémunération.
Ce qui faisait dire à Tom Yorke en octobre 2013 : « Ne vous leurrez pas, les nouveaux artistes que vous découvrez sur Spotify ne percevront rien. Pendant ce temps, les actionnaires vont bientôt se rouler dans l’oseille ».
Spotify-partage_inequitable_artistes_adami
« Il est inconcevable qu’au titre du streaming musical, le talent de l’artiste génère 22 fois plus qu’il ne lui rapporte », tempête l’ADAMI, ajoutant que « depuis 2008, de nombreux rapports jugent que le partage de la valeur est inéquitable et que le contrat traditionnel entre artiste et producteur n’est pas adapté au streaming ».
Les producteurs ont un rôle à part, ni vraiment avec les artistes ni vraiment contre les plateformes de streaming qui leur versent souvent des minimum garantis afin de pouvoir disposer de certains titres de leur catalogue. Des minimum garantis qui ne sont pas inclus dans les relevés d’exploitation des titres et ne sont donc pas susceptibles d’être intégrés dans le calcul des droits à verser aux artistes. De plus, les majors sont parfois actionnaires de ces plateformes et touchent donc une partie des bénéfices engrangés.
Dans une interview, le chanteur de Radiohead estimait que « Ce qui se passe avec Spotify ne concerne pas que la musique « mainstream », c’est le dernier pet désespéré d’un cadavre agonisant ».
L’ADAMI s’est donc offert une pleine page de pub dans le quotidien du soir afin d’alerter Fleur Pellerin qui doit plancher sur le projet de loi sur la liberté de la création pour 2015 :
« On souhaite maintenir le débat alors que des arbitrages sont en cours. On attend des dispositifs qui régulent la rémunération des artistes », affirme Benjamin Sauzay, directeur des affaires institutionnelles de l’Adami.
Selon cette dernière, une « coalition internationale » sera annoncée prochainement. « Les solutions sont connues : partage équitable, perception directe de la part artistes auprès des plateformes de streaming via la gestion collective » conclut l’ADAMI.
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L’Adami est une société de gestion collective des droits de propriété intellectuelle des artistes-interprètes.