J’hésite pour cet éditorial. Soit je vous fais un point de la première lecture au Sénat de la loi NOTRe qui s’est achevée vendredi 23 janvier dernier soit je vous écris un mot sur la laïcité. Je vous ferai le point la prochaine fois avant la première lecture à l’assemblée nationale qui commencera le 17 février prochain. Je vais vous dire un mot sur la laïcité.
Un ami me fait la remarque qu’il ne comprend pas pourquoi on fait tout un débat sur cette question alors que pour lui Charlie Hebdo n’est pas un journal laïque ou du moins que ses créateurs et dessinateurs n’en n’avaient rien à faire et ne s’en revendiquait pas. Hara Kiri était un journal bête et méchant, Charlie Hebdo, comme il est écrit sur sa couverture un « journal irresponsable ».
Dans son édito du fameux Charlie à 7 millions d’exemplaires, Gérard Biard le rédacteur en chef exprime, lui, clairement que proclamer « je suis Charlie (…) ça veut dire aussi je suis la Laïcité ».
Quand je lis la définition du dictionnaire, quand j’écoute les différents orateurs et écrivailleurs qui parlent ces jours ci de la laïcité, j’entends et je lis que celle ci se définit comme un « principe de séparation de la société civile et de la société religieuse, l’Etat n’exerçant aucun pouvoir religieux, et les Eglises aucun pouvoir politique » (Le Robert).
Bon, on voit bien que dès qu’il y a une séparation et donc la création d’une frontière il y a problème. Le « aucun pouvoir » subit sans arrêt des exceptions et des intrusions de la part des uns et des autres. La zone est fragile autant que certaines frontières géographiques et politiques.
Pour nous, acteurs de la culture, cette frontière est vraiment sensible. Chaque jour une oeuvre d’art, un spectacle, un livre s’immisce dans cette séparation pour oser poser des questions ou des propositions sur la place du sacré dans notre société, sur l’image de Dieu dans notre monde, sur la dimension spirituelle de l’art contemporain…Ces a rtistes l’expriment souvent avec ferveur et une volonté très! forte de saisir le religieux pour en faire de l’art (c’est banal certes, mais de plus en plus compliqué aujourd’hui, voir l’oeuvre «Silence» de Zoulikha Bouabdellah à Clichy La Garenne).
Je comprends en écrivant ce texte que la laïcité ça n’est pas que la séparation mais aussi le lien, qui se réalise dans la liberté d’expression, qui réunit ces deux dimensions de la société mais aussi de chaque personne : sa spiritualité et son humanité.