Alors que le Medef ridiculise François Hollande en Amérique en déclarant que les patrons ne sont pas redevables du chèque de 30 milliards que le gouvernement leur a donné, la ministre de la culture ne veut pas se prononcer sur les mesures justes et adaptées aux intermittents, portées par l’ensemble des personnes concernées, de peur de brusquer les partenaires sociaux.La rupture est pourtant consommée, le Medef préconise d’emblée à l’Etat de compenser la perte de droits résultant du basculement au régime général des intermittents.
L’objectif du syndicat patronal est clair : tous précaires et sans droits sociaux. Et cela au nom de l’équité !
Toute personne a droit à des conditions dignes d’existence. Aujourd’hui, seuls ceux qui bénéficient d’emplois stables et durables ont ce droit.
L’objectif du Medef est double : détruire peu à peu la stabilité de l’emploi et instaurer une flexibilité généralisée en ôtant les droits de ceux qui alternent chômage et emploi afin de disposer d’une main d’œuvre corvéable à merci en fonction des fluctuations des marchés financiers.
C’est la raison pour laquelle le Medef s’emploie depuis 20 ans à vouloir supprimer les annexes 8 et 10 du paysage de la protection sociale.
Les néolibéraux ont un projet de société bien défini qui leur permet de penser les choses sur la durée et de manière stratégique : séparer les artistes et techniciens en 2003 n’avait pas d’autre objectif que de préparer la sortie des techniciens du régime de l’intermittence. Après les attaques répétées de la cour des comptes, la mise en place de l’ANI (Accord sur la compétitivité et la sécurisation de l’emploi), la CGPME (un des trois syndicats d’employeurs représentés aux négociations) fait le premier cette proposition.
Le Medef va suivre son partenaire en la radicalisant d’avantage : supprimer les annexes 8 et 10.
De deux chose l’une, soit nous sommes gouvernés par des aveugles, soit les socialistes sont totalement hypnotisés par l’idéologie néo libérale : « la guerre de tous contre tous ».
Nous osons encore espérer qu’il n’en soit pas ainsi.
Nous préconisons que les salariés à l’emploi discontinu ne doivent pas subir les effets d’une crise dont ils ne sont pas responsables mais devraient bénéficier d’un régime d’assurance chômage décent afin de pouvoir se projeter dans l’avenir[1].
Le Medef a ouvert le bal. Oui les contrats courts et la discontinuité ne sont pas limités aux intermittents du spectacle, l’intermittence est le quotidien des chômeurs et précaires.
Dans les réformes actuelles sur la flexibilité et l’assurance chômage le gouvernement est confronté à un choix historique :
Laisser les stratégies néolibérales se déployer à grands renforts des préconisations caricaturales de l’OCDE[2] ou bien repenser un avenir autre que « la guerre de tous contre tous » à savoir une solidarité permettant de penser le futur sur les bases d’une société de confiance.
Conscient que le rapport de force n’est pas à l’avantage de la solidarité, on pourrait espérer à minima en prendre le chemin.
Pour cela il est indispensable de revenir à un système juste et mutualiste pour le régime des intermittents du spectacle et de s’en inspirer afin de refonder les droits sociaux de tous les salariés à l’emploi discontinu.
Parce que nous sommes nombreux : Assemblée Générale au Théâtre du Rond Point le 17/02/14 à 19 H
15/02/14 – Coordination des Intermittents et Précaires
[1] « Je pense aussi que vous pouvez me reprocher d’avoir fait la part trop grande aux choses matérielles »… »Ce sont des faits terribles, mais regardons-les en face. Il est certain, bien que ce soit déshonorant pour nous comme nation, que par suite de quelques défauts dans notre communauté, le poète pauvre n’a pas de nos jours, et n’a pas eu depuis deux cents ans, la moindre chance de réussite… Un enfant pauvre en Angleterre n’a guère plus d’espoir que n’en avait le fils d’un esclave à Athènes de parvenir à une émancipation qui lui permette de connaître cette liberté intellectuelle qui est à l’origine des grandes œuvres. » C’est cela même. La liberté intellectuelle dépend des choses matérielles. La poésie dépend de la liberté intellectuelle » (Virginia Woolf, Une chambre à soi)